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Superimposed Readings

Superimposed Readings Superimposed Readings Superimposed Readings Superimposed Readings Superimposed Readings Superimposed Readings
Adoka Niitsu, Superimposed Readings, 2013
Frottage sur écran semi-transparent avec crayon de couleur blanc, vidéoprojecteur, DVD, haut-parleurs, néon, 2013. Taille de chaque écran : 13.5 x 118 inch / 34.5 x 300cm.

Vue d'installation de l'exposition personnelle d'Adoka Niitsu "Superimposed Readings" à la Galerie Hors-Champs, Paris. 29 novembre 2013 - 2 février 2014. Photographie par © Adoka Niitsu
Superimposed Readings Superimposed Readings Superimposed Readings Superimposed Readings
Adoka Niitsu, Thinking Stones I, 2013
Saccocoma pectinata (fossile) de Solnhofen, Acrylique sur morceau de calcaire, Cube de verre, Néon, Miroir
Miroir : 11.8 x 11.8 inch / 30 x 30cm
Thinking Stones II, 2013
Ammonite de Solnhofen, Acrylique sur morceau de calcaire, Boîte en bois noire peinte à l'encre Sumi
Boîte : 11.8 x 11.8 inch / 30 x 30cm

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Lectures Superposées

« Lectures superposées : lire la nécessité derrière la sensation, lire l’ordre derrière la nécessité, lire Dieu derrière l’ordre. » Simone Weil, « La Pesanteur et la Grâce »

La Galerie Hors-Champs est heureuse de poursuivre sa collaboration avec l’artiste japonaise Adoka Niitsu, en présentant la suite de sa recherche intitulée « Le Piaffer », autour de la projection psychique et de sa diffusion par les diverses technologies selon les époques.

L’exposition est à nouveau constituée de dessins et d’une installation, auxquels s’ajoutent des photographies. Elle est conçue de manière à ce que chaque médium se fasse référence, et qu’à travers ce dialogue se développe une réflexion sur le processus créatif.

Ainsi, les photos représentent des roches lithographiques sur lesquels sont « enregistrés » les motifs qui inspirent les dessins, des dessins réalisés avec la précision obsessionnelle du tracé automatique, sur lesquels sont projetés des vidéos, parfois abstraites, parfois nous montrant l’artiste en plein travail.

Les étapes de l’exposition retranscrivent en elles-mêmes les questionnements d’Adoka Niitsu : de quels différents niveaux se forme l’œuvre d’art ? De quelle histoire est née l’Image ? Quel est l’héritage culturel des objets ou techniques qui lui servent de support, et dans quelle mesure cet héritage est-il encore présent en eux ?

Ce thème des niveaux est en premier lieu traduit dans le passage des images, d’abord créées et comme archivées dans les strates de la roche calcaire, puis dessinées avant d’être filmées : il ne s’agit pas là d’une reproduction des mêmes motifs mais de l’expression de leur dimension originelle telle que le peut chaque médium : l’enregistrement naturel, le dessin automatique, le mouvement continu de formes et de lumières de la vidéo.

Mais cet originel, qu’il soit la nature ou l’hémisphère psychique échappant au langage, est un flux lui-même en perpétuelle mobilité. Adoka Niitsu a tenu à ce que l’on sente ce mouvement évolutif dans ses toiles, soutenu par la convulsion dionysiaque des couleurs mais aussi par la mixité des techniques : l’encre, l’acrylique et le crayon de bois. Selon la texture mise en avant ou dérobée par une autre, elle nous invite à imaginer, selon chaque couche, « l’état d’âme » de l’artiste au moment de la création.

Quant au foisonnement orgiaque des couleurs, il consiste en la volonté de transmettre directement l’évidence évocatrice des dessins, là où les planches de la précédente exposition étaient en noir et blanc, donc plus neutre émotionnellement. Cependant, les significations culturelles des couleurs, en opposition au gris des ornements naturels, ont aussi été pensées dans l’approche évolutionniste de l’artiste.

Le lien entre l’univers imaginaire d’Adoka Niitsu et les écritures minérales est accentué encore dans le papier calque sur lequel se projettent les films, puisqu’elle y applique la technique du frottage à partir de fossiles. Ces derniers prennent vie par le transpercement des vidéos et dans cette noce s’opère un jeu entre l’abstraction et le figuratif, entre l’inerte et le mouvement, ainsi qu’entre le primitif et le contemporain.

Alors que « l’image réelle », celle de l’écran, est l’empreinte abstraite des fossiles, les seules images figuratives sont celles de la vidéo, c'est-à-dire « l’image virtuelle ». La superposition tâtonnante de ces opposés mariés dans un ensemble cohérent traduit les questionnements contemporains quant à l’ambigüité de la réalité en notre « ère du Simulacre ».

Et peut être aussi, à travers la réconciliation entre évolution et conservation, une élégie à la mémoire. Une mémoire sensorielle, à ordonner par le fil d’Ariane de l’art et de la poésie.

Text: Hannibal Volkoff - Directeur Artistique, Galerie Hors-Champs